lundi 14 mars 2016

Ghita HAFFOU developpe deux idées (paragraphes argumentés) à partir du Lac de Musset. À vous de juger la qualité de son ecriture.

La nuit de décembre

LE POÈTE

Du temps que j'étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s'asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Son visage était triste et beau :
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu'au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.

Comme j'allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d'un arbre vint s'asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d'une main,
De l'autre un bouquet d'églantine.
Il me fit un salut d'ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.

A l'âge où l'on croit à l'amour,
J'étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s'asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il était morne et soucieux ;
D'une main il montrait les cieux,
Et de l'autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu'un soupir,
Et s'évanouit comme un rêve.

A l'âge où l'on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s'asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.

Un an après, il était nuit ;
J'étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s'asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d'épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.

Je m'en suis si bien souvenu,
Que je l'ai toujours reconnu
A tous les instants de ma vie.
C'est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J'ai vu partout cette ombre amie.


Ce poème de Musset évoque le temps. On peut remarquer avant tout une certaine régularité du temps et une progression stable au niveau de la structure du poème En effet, toutes les strophes sont composées de six vers, soit des sixains, la structure des rimes est identique dans chaque strophe, les rimes sont sous la forme aabccb et finalement au niveau du mètre, on retrouve des vers de huit syllabes, soit des octosyllabes. Ainsi, cette progression stable nous amène par la suite après analyse à une progression du temps qui semble marquer les étapes de la journée, en effet en relevant le champs lexical du temps nous retrouvons : «un soir» (v.2) et «un jour» (v.14). Par la suite on aperçoit les différentes étapes de la vie et ce à travers des compléments circonstanciels : «du temps que j’étais écolier» (v.1), «comme j’allais avoir quinze ans» (v.13), «à l’âge où l’on croit à l’amour» (v.25), «à l’âge où l’on est libertin» (v.37). Tous ces compléments circonstanciels se réfère à une période de la vie. On peut remarquer une chronologie, celle de l’enfance à l’âge adulte. 

Nous pouvons également remarquer la présence du reflet de soi même. Premièrement, nous pouvons le voir à travers le champs lexical de la perception et du regard : «ressemblait» (v.6), «montra» (v.24), «montrait» (v.32), «semblait» (v.34), «ressemblait» (v.42), «cherchait» (v.46). Deuxièmement, nous remarquons de nouvelles identités en parallèle à celles de l’auteur et ce grâce à des adjectifs  qualificatifs et attributs : «un pauvre homme» (v.5), «un jeune homme» (v.17), «un étranger» (v.29), «un convive» (v.41. On peut penser qu’il existe un lien entre ces identités et les différentes étapes de la vie dans les quatre premières strophes. Nous pouvons mettre en relation «écolier» (v.1) et «pauvre enfant» (v.5). En effet, la période de l’enfance correspond à celle où l’on va à l’école et que l’on est donc écolier. On peut également mettre en relation «j’allais avoir quinze ans» (v.13) et «un jeune homme» (v.17) car l’âge de quinze ans correspond à l’adolescence et l’âge où l’on traite les adolescents de jeune homme. Dans les quatre dernières strophes on ne retrouve aucun lien entre les étapes de la vie et les identités trouvées. 

Ghita HAFFOU, 2de 5.

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