lundi 14 mars 2016

Après la lecture du roman Eldorado de Laurent Gaudé, il s’agissait d’écrire, à partir d’une photo, un récit avec un point de vue interne. Classe de Madame BAROUX.


TEXTE 1,


Il faisait nuit. Nous étions prêts à quitter la maison. Cette maison qui nous avait tant rassemblés et où nous avions passé nos meilleurs moments. En passant de l'autre coté de la porte d'entrée, nous n'étions pas seulement en train de faire nos adieux à nos chambres, à notre cuisine ou à notre petit salon modeste, mais nous étions en train de tout abandonner. Je contemplais le journal encore posé sur la table, la tasse de café à moitié pleine. Le feu était encore allumé depuis l'après midi. Le silence régnait et seul le bruit des aiguille de l'horloge accrochée au mur comblait ce silence et nous rappelait que le moment tant attendu était arrivé.
Il était temps de partir, de quitter la Syrie, de quitter Damas, de quitter notre petite maison. La situation en Syrie était devenu trop critique depuis quelques années maintenant. Apres plus de trois ans de conflit armé, la guerre civile faisait rage aux quatre coins du pays. On comptait des milliers de morts, hommes femmes et enfants innocents, des milliers de blessés ainsi que de nombreux foyers détruits. Dans un pays en ruine, des millions de personnes étaient déracinées. C'était notre cas. Nous étions prêt à quitter damas afin d'atteindre la Grèce et espérer par la suite atteindre l'Europe.
Nour et Alya pleuraient silencieusement. J'étais autant bouleversé mais je ne devais pas le leur montrer. Nous étions sur le point de quitter le pays, fuir la guerre, mais nous étions ensemble. Nous avions survécus aux bombardements, aux tueries et étions prêt à rester unis afin de tout dépasser. Ce que j'espérais le plus c'était seulement de donner à ma fille Nour la chance d'avoir une meilleure vie. Elle qui est née dans un contexte de guerre
n'avait jamais eu l'occasion de connaitre le bonheur. L'Europe était pour nous cet échappatoire qui allait tout changer. Sa mère et moi étions prêts à travailler, dur, très dur une fois là-bas. Nous étions prêt à tout sacrifier pour qu'elle ait la vie que mérite chaque enfant.
Le téléphone sonna, c'était Ahmed. Je pris du temps pour répondre. Nous étions certes convaincus de vouloir partir ,mais cela n'était pas si facile une fois le moment arrivé. Les yeux rivés sur moi, Alya me poussait à répondre. Je n'avais pas la force de le faire, j'étais déjà très fatigué, alors que le voyage et la vraie souffrance n'avaient même pas encore commencé. Nous étions là, encore pour quelques minutes, attendant Ahmed et espérant que cette attente dure une éternité. Ce qu'on ressentait était en effet très bizarre. On éprouvait des sentiments mitigés entre la soif de partir et l'envie de rester. Ahmed arriva et nous partîmes rapidement sans nous retourner, main dans la main. Nous avions seulement eu le droit d'emmener avec nous un petit sac où Alya avait mis quelques petites choses à manger pour la petite, elle qui était déjà affaiblie par la situation ou nous avions survécus ces derniers mois. On roula pendant de longues heures avant d'arriver à la cote turque ou tout allait commencé.
Une fois arrivés sur place,nous fumes surpris par le grand nombre de personnes qui allaient quitter cette terre en ce jour. Il faisait encore nuit et nous étions à peine capable de voir des ombres sans identifier aucun visage.Le silence régnait même ici, le départ n'était apparemment facile pour personne. On ne savait pas combien de temps il fallait attendre. Les embarcations qui allaient nous transporter vers Lesbos pouvaient arriver d'un moment à l'autre.Je commencai déjà à m'imaginer la vie qu'on pourrait avoir. Une vie paisible, loin de la guerre, loin de la mort. Les heures défilèrent, l'attente était longue. Mais cet espoir qu'on avait et qui illuminait nos yeux constituait notre force. On entendait des pleurs d'enfants qui s'éteignaient très rapidement. C'était probablement à cause de leur fatigue. Vers 6h du matin, les embarcations étaient enfin là. Tout le monde se précipitait pour monter, on était beaucoup trop nombreux et certains savaient déjà qu'ils allaient devoir attendre quelques heures voire quelques jours pour les prochaines embarcations. Nous nous sommes faufilés, Alya,Nour et moi et sommes montés à bord de la première barque. Les personnes arrivèrent de plus en plus et nous étions presque incapables de bouger mais personne n'osait le dire.
Nous nous éloignames petit à petit des cotes turques. Je sentais un déchirement et un vide me rongeait. Je ne saurais décrire ce que c'était mais je sentais une douleur que je ne pensais pas ressentir sur le coup. Pendant toutes ces semaines d'attente, je n'avais jamais cru que les adieux allaient être si durs. En effet, en quittant ce pays, on n' était plus personne. Nous n'étions plus que des réfugiés de guerre qui allaient demander l'asile. Des individus qui se perdaient dans un groupe.
Des individus à qui on a arraché l'identité.
La mer était si calme, mais d'immenses nuages couvraient le ciel. Les heures passèrent et on sentit une tempête arriver. Les vagues étaient devenues très hautes, très rapides. En pleine mer, avec un équipement de sauvetage défaillant, la panique commenca à se propager. La pluie commencait à tomber de plus en plus fort, les vents sifflaient, le tonner grondait. Tout le monde était prit de peur et panique. On ne savait pas quoi faire. L'homme qui s'occupait de guider la barque nous conseillait de garder notre calme et de nous mettre dans la partie ou ca bougeait le moins. Mais nous étions nombreux et l'instinct de survie commencait à se manifester chez chacun de nous. On avait presque envie de jeter les uns ou les autres en mer afin d'assurer la survie des notres. On priait dieu de nous aider. On entendait des cris provenants de tous les sens, je serrais Alya et Nour fort, très fort dans mes bras. On essayait de rester ensemble, comme nous nous l'avions promis chez nous, dans notre petite maison.
L'orage éclata, et en un bruit sourd, l'embarcation se renversa. Les plus faibles se perdirent dans cette mer méditerranéenne noire, si vaste. La plupart des réfugiés ne savaient pas nager, rare ceux qui avaient déjà vu la mer ou étaient déjà montés à bord d'un bateau. La majorité des victime du naufrage étaient des enfants et des femmes. On attendait les secours, on était très proche de l'ile grecque de Lesbos selon notre guide. L'eau était glaciale et certains se perdirent dans ses bras. Les bateaux de secours grecques avaient trop tardé, Alya qui serrait Nour dans ses bras la sentait déjà quitter ce monde où elle avait brièvement vécu. Elle criait son nom, fort et nos yeux se remplirent de larmes. Notre petit ange, notre bonheur, notre raison de vivre, celle pour qui nous étions prêts à tout sacrifier était partie. J'étais en colère contre moi même, j'étais perdu dans cette mer qui m'engloutissait. Dans mes bras, Alya pleurait la mort de notre enfant. Les noyers étaient de plus en plus nombreux et Alya finit par m'échapper afin de me quitter aussi. Ceci était arrivé si vite. Ma femme et ma fille étaient désormais toutes les deux parties. J'étais seul. J'avais déjà perdu mon seul frère pendant la guerre, mes parents étant décédés il y a bien longtemps, je n'avais plus au monde que ma femme et ma fille. Et ce soir je n'avais plus personne.
J'étais un des rares survivants qui furent sauvés par la marine grecque enfin arrivée. Mais il était désormais trop tard. Je n'arrivais pas à répondre aux questions qu'on me posait, j'étais tout simplement plongé dans un état de choc et refusait toute aide. Je voulais les rejoindre là ou elles étaient, honorer notre promesse, celle de toujours rester ensemble quoi qu'il arrive. Mais on m'obligea à monter a bord du bateau de sauvetage. Arrivé à Lebsos, je crie enfin. Je crie ma rage, je
ne savais pas à qui je devais en vouloir, à moi même? à elles qui étaient parties trop tot? à Dieu ? à Bachar El Assad? à la marine grecque? cela je l'ignorais. Je savais seulement que j'étais un homme plein de rage qui voulait venger la mort de sa famille. Je regardais autour de moi et me rendis compte que mon malheur n'était pas uniquement le mien. D'autres hommes et femmes avaient également perdu leur famille. Mais cela n'apaisait guère ma colère. Je ne voulais plus atteindre l'Europe. Pour quoi faire? celles pour qui j'étais prêt à travailler étaient parties. Je vis un corps d'enfant échoué sur la cote, et face à ce tableau cru j'avais juste envie de fuir. Je marchai pendant plusieurs heures, je me perdis dans une terre dont je ne savais rien. Je voulais juste m'éloigner. Et me voila aujourd'hui, même après des mois passés, toujours aussi seul et aussi perdu. 

BENNOUNA Salma – 1ereS1 

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