En quoi l’échange entre les deux personnages lors de la
première scène de cette pièce, construit-il une scène d’exposition ?
Nous allons
voir dans un premier temps le thème du mariage abordé dans cette scène afin de
voir par la suite l’argumentation qui y a été développée pour finalement
conclure sur le rôle de cette scène d’exposition.
Premièrement, on retrouve dans cette première scène un champ lexical
omniprésent, celui du mariage, on a ainsi « la main » (v1),
« mariage » (v11), ou encore « maris » (v22). Champs
lexical associé à celui de la tromperie, on retrouve notamment les mots « front
» et « cornes » (v. 11, 12, 26, 59, 112), en effet les cornes poussant sur
le front caractérisent dans la culture populaire les maris trompés.
Arnolphe apparaît ici comme un personnage obsédé par le cocuage, préférant
ainsi prendre une femme dénuée d’esprit. De par des qualificatifs tels que « sotte »
(v82) « d’une ignorance extrême » (v100), « stupide »
(v103), ou encore « bête » (v108) le portrait de l’épouse idéale
d’Arnolphe est dressé. Il ne prend pas ainsi le risque d’être cocufié, et son
assurance est exprimée notamment de par l’utilisation d’une anaphore « Je
sais les tours […] Et je sais » (v75, v85). De plus cet effet est
accentué de par la répétition excessive du pronom personnel « je »,
« je crois » (v83), « je sais » (v85), « j’irai »
(v87), « je prétends » (v95). Enfin, le présent de vérité générale
renforce cette certitude. On a notamment « Épouser une sotte,
est pour n’être point sot » (v82), ou encore « Mais une femme
habile est un mauvais présage » (v 84). L’intrigue est donc présentée, le
thème abordé dans la pièce sera le mariage, une entreprise associée au cocuage.
Deuxièmement,
l’échange entre Arnolphe et Chrysalde, révèle une argumentation. Les deux amis
développent en effet leurs avis sur le thème abordé, le mariage et la
tromperie. Chrysalde insiste sur le fait que le mariage est synonyme de
tromperie, que tromperie n’est que fruit du hasard et qu’à force de se moquer
des maris trompé on en devient un. Son discours est construit avec le champ
lexical de la peur, on retrouve notamment le verbe « craindre » (v.
4, 15, 46, 56), ou encore « faire trembler de peur » (v. 6), « téméraire » (v.
8) et « risquer » (v. 66). Arnolphe, soutient le fait qu’une femme sotte ne le
trompera point. Il ne fait pas confiance à celles qui ont de l’esprit et raille
des maris trompés. Il coupe la parole à son interlocuteur à maintes reprises, interruption
exprimée par trois points de suspensions et qui affirme sa conviction en ses
propos « Et que prétendez-vous qu’une sotte en un mot… » (v81)
« L’esprit, et la beauté… », ou encore « ne peut.. »
(v157). Le discours argumentatif est donc omniprésent, on est face à une confrontation
d’opinions qui nous présente le thème principale de la pièce et ses personnages
ainsi que leurs caractères.
Pour
conclure, une scène d’exposition a pour triple but de présenter les personnages, l’intrigue et
enfin susciter la curiosité du lecteur et du spectateur. Dans cette première
scène de « L’école des femmes » de Molière, le discours argumentatif
nous présente les personnages, incluant les personnages absents tel que la
future femme d’Arnolphe. De plus, cette confrontation d’opinions nous annonce
l’intrigue soit le mariage, et enfin suscite notre curiosité quant à la suite
de la pièce.
Malak Rahal. 2de 5